Pas de MacDonald, pas de Canada

En octobre 2015, lorsque le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada « ne repose sur aucun aspect fondamental commun », il a ouvert la voie au déboulonnement et à la décapitation de la statue du fondateur du Canada et de son premier ministre, sir John A. Macdonald.

Comme je l’ai écrit dans ces pages il y a deux ans, si nous n’avons pas d’aspect fondamental commun, donc qui sommes-nous? Avons-nous simplement gaspillé 400 ans à réunir ce qui était le meilleur de la Grande-Bretagne et de la France, tout en adoptant les États-Unis comme notre voisin depuis plus de 200 ans?

M. Trudeau peut parler pour lui-même, mais pas pour nous, les Canadiens, surtout ceux d’entre nous qui ont fui les horreurs des sociétés suprémacistes fondées sur la race où les femmes sont des usines à bébés, les homosexuels jetés des toits et où les gens sont encore crucifiés sur les places publiques.

Les gens qui détestent le Canada parmi nous n’ont pas encore crucifié les gens sur les places publiques, mais ils ont fait les premiers pas vers cette voie en démolissant les statues de ceux qu’ils veulent détruire. Ce n’est pas mon opinion; c’est un fait historique de ma région.

Les casseurs de statues, ou « But Shikan », comme on les appelle dans le vaste sous-continent indien, sont devenus des titres honorifiques de meurtriers de masse, un fait dont tous les Cachemiriens et les Afghans témoigneraient : Vous souvenez-vous des statues du Seigneur Bouddha à Bamiyan?

Ironiquement, les premières personnes à condamner sans réserve le renversement de la statue venaient du Québec, la seule partie de la confédération de sir John A. Macdonald qui a tenté de se séparer du pays qu’il a créé. Le premier ministre François Legault et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ont tous deux dénoncé la violence, tout comme l’ont fait le nouveau chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, et le chef du NPD, Jagmeet Singh, qui a personnellement été victime de racisme, mais qui n’accepterait pas un tel comportement.

Pourtant, il y a des gens dans les plus hautes sphères universitaires qui ont approuvé la décapitation de la statue de sir John A.

La professeure Melanie Newton, qui enseigne à l’Université de Toronto et se spécialise dans l’histoire sociale et culturelle des Caraïbes, en fait partie.

Interrogée sur les ondes de CBC News au sujet de sa réaction à l’incident violent, Newton a refusé de condamner l’acte criminel, en disant : « Depuis le meurtre de George Floyd en juin, tous les ordres de gouvernement au Canada ont publié des platitudes sur l’opposition au racisme institutionnel, mais ils n’ont pas fait preuve d’un leadership sérieux sur la façon dont nous abordons cette question… cela reflète aussi une colère plus profonde de la part des gens ordinaires », en affirmant que lorsque les gouvernements ne règlent pas ces problèmes, « les gens s’en occuperont ».

Lorsque l’animateur de la CBC a interrompu le débat, disant que de nombreux Canadiens étaient offensés et considéraient le déboulonnement de la statue comme un affront à l’histoire du Canada et au premier ministre du pays, qui a été l’un des principaux architectes de la Confédération, la professeure Newton a prétendu que la destruction « fait partie du processus démocratique visant à repenser son héritage et à reconnaître qu’il comprend le racisme, l’autoritarisme, la violence et le génocide ».

Elle a ajouté : « Notre démocratie n’est pas si fragile qu’elle a besoin de ce symbole facile pour maintenir l’unité de notre pays. » Elle a mentionné également que « le pays est plus fort lorsque tout le monde est respecté ». Sir John A. Macdonald est l’exception évidente.

Il semble que beaucoup de gens croient qu’il est acceptable de migrer vers ce pays, de profiter et de prospérer des institutions créées par le Canada de sir John A, puis de qualifier ce même pays comme raciste et de le dénigrer comme étant produit d’un génocide culturel.

Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, l’a bien dit sur Facebook : Comme l’a écrit son biographe, Richard Gwyn, « Pas de Macdonald, pas de Canada ». Macdonald et le pays qu’il a créé étaient tous deux imparfaits, mais toujours formidables. »

Quant à Newton et à ceux qui partagent son point de vue, je leur recommande de lire comment Cassius Clay s’est débarrassé du racisme lorsqu’il a crié sur le ring : « Quel est mon nom? » Il est pourtant resté fidèle à l’Amérique jusqu’à la fin.

Traduction : Laurence B

Les commentaires sont fermés.

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :