Il y a un mois, lorsque la conseillère municipale de Toronto, Paula Fletcher, a facilité l’appel islamique à la prière dans une mosquée de Toronto, elle l’a décrit comme « magnifique » et « East End Love* ».
En tant qu’ancienne chef du Parti communiste du Manitoba, elle devait connaître la citation la plus connue de Mao Zedong : « Une seule étincelle peut allumer un feu de prairie. »
La crainte de nombreux musulmans que la proximité de l’État et de la religion ne cause des dommages irréparables à notre société, et que le haut-parleur n’ait absolument rien à voir avec l’Islam, est tombée dans l’oreille d’un sourd. Nous, musulmans, qui ont tenu tête à certains moyenâgeux dans nos rangs, avons été qualifiés « d’islamophobes » par la gauche libérale et même par les milieux politiques conservateurs du pays.
Nous n’avons pas eu à attendre trop longtemps pour que nos pires craintes se concrétisent.
Le 16 mai, un certain Firas Al Najim a lancé son propre appel à la prière au moyen d’un haut-parleur dans le stationnement du Centre islamique Jaffari de la ville de Vaughan, où il a fait la promotion des idées de l’ayatollah al-Sistani, un religieux irakien, puis s’est lancé dans une tirade contre les « sionistes ».
Al Najim affirme qu’au Centre islamique Jaffari, « la majorité des disciples suivent (l’ayatollah) Ali al-Husayni al-Sistani ». Citant l’ayatollah, Al Najim a proclamé : « C’est illégal, c’est interdit pour tout musulman… d’effectuer toute transaction commerciale avec une entreprise sioniste. »
Firas Al Najim a continué sa tirade. Il a demandé la fin de l’État d’Israël, en affirmant ceci : « La terre sainte des musulmans, des chrétiens et des juifs est occupée depuis plus de 72 ans… Nous devons être solidaires du peuple palestinien. Nous devons être fermes et nous devons sans cesse parler à nos députés, aux responsables du gouvernement et au premier ministre ».
Puis, il a été question des « lobbys » qui sont censés encadrer les politiques du Canada. Sans utiliser le mot « juif » ou « sioniste », il a laissé entendre que « cela devrait être la justice qui prime plutôt que les gains financiers et les lobbys qui intimident et ainsi de suite, vous savez, quel que soit le genre de mal qu’ils (lobbys) font… »
C’est ce que craignaient les musulmans qui ont fui la tyrannie des régimes islamiques comme l’Iran et le Pakistan. Et cela s’est produit plus tôt que prévu : l’utilisation de mégaphones autour des mosquées pour propager la haine et le faire sous la protection des règlements municipaux adoptés à la hâte par un groupe de politiciens effrayés qui craignaient que leur réputation soit ternie par le mot odieux « islamophobie », qui est simplement une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de quiconque ose critiquer les actions de certains musulmans ou de leur clergé.
Le Centre Jaffari a réagi par l’entremise de son vice-président, Shafiq Ebrahim, qui, au lieu de dénoncer le message de haine mêlé à l’appel à la prière, a déclaré : « Nous ne connaissons pas l’individu qui s’est enregistré sur nos lieux. »
Cette affirmation ne semble toutefois pas être vraie.
Le 31 mars 2019, Firas Al Najim a publié une lettre qu’il a envoyée au premier ministre Justin Trudeau et qui a été appuyée par le même Shafiq Ebrahim de la mosquée, qui a affirmé qu’il ne connaissait pas Al Najim.
Ce n’est pas tout.
Réagissant à l’affirmation de la mosquée selon laquelle ils ne le connaissaient pas, Firas Al Najim a réagi rapidement et a gazouillé mercredi matin par l’entremise de son organisation, The Canadian Defenders For Human Rights, que les autorités de la mosquée « avaient menti ». Al Najim a fourni quatre photos de lui-même avec des représentants du Centre Jaffari.
Ce qui était fascinant dans cette triste manifestation de haine, c’est que les groupes islamiques, au lieu de dénoncer Firas Al Najim, ont choisi d’attaquer la députée conservatrice locale Gila Martow, qui avait vertement critiqué ce prétendu appel à la prière qui était en fait une démonstration de haine.
Et dans une manifestation d’intimidation et de lâcheté politique, c’est Gila Martow qui a dû présenter des excuses à la mosquée, pas Faris Al Najim.
* East End Love est un projet d’arts communautaire dans Toronto-Est pour combattre la discrimination, les préjugés et le racisme.
Article dans sa version originale anglaise ici.
Traduction : Laurence B
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