Mardi, on a brièvement interrompu l’annonce des décès liés à la pandémie pour annoncer la nouvelle d’un massacre de bébés et de femmes enceintes survenu dans une maternité de Kaboul.
On pourrait hausser les épaules et dire : « Eh bien, qu’attendez-vous d’autre de l’Afghanistan? », et beaucoup l’ont fait, comme l’illustre le manque de place accordé dans les journaux au tout premier massacre de bébés de notre époque.
Mais pour certains d’entre nous qui étudions l’histoire de l’Islam, ce massacre n’était pas une tuerie ordinaire; il rappelait un massacre similaire, perpétré il y a 1 400 ans, dans la ville irakienne de Kerbala, où les dirigeants de l’Islam de l’époque avaient entouré la progéniture du prophète Muhammad et, comme à Kaboul, tranché la gorge de bébés et du petit-fils de Muhammad, l’imam Hussain Ibn Ali.
Ils ont ensuite fait défiler sa tête coupée dans les rues de la capitale du califat islamique à Damas.
L’Islam est mort ce jour-là et des massacres horribles sont devenus l’ordre du jour depuis, qu’il s’agisse de la décapitation de Mansoor Hallaj à Bagdad en 952 ou du prince héritier moghol Dara Shikoh à Delhi en 1659.
Permettez-moi « d’être le canari dans la mine de charbon » pour suggérer que si des incidents vieux de 1400 ans peuvent être de l’histoire pré-médiévale pour la plupart des non-musulmans, pour nous, « les fidèles », c’est comme si c’était hier, comme cela a été le cas pendant des siècles.
Les disciples de l’imam Hussain et de son père Ali ont été victimes d’horribles discriminations, de massacres et de nettoyage ethnique de la part des personnes les mieux décrites comme des « musulmans sunnites », tandis que leurs victimes sont les « chiites » ou le « parti d’Ali ».
Il est essentiel de comprendre ce clivage pour saisir la signification de ce qui s’est passé mardi dans le district de Dasht-e-Barchi, à l’ouest de Kaboul, à la maternité de Médecins Sans Frontières (MSF). La localité était, jusqu’aux années 2000, un terrain stérile qui est devenu le foyer des réfugiés déplacés à l’intérieur du pays, principalement de l’ethnie Hazara, qui est chiite.
C’est en éliminant les futurs disciples de la progéniture du prophète que les talibans soutenus par le Pakistan ont dévasté la vie de tant de personnes.
C’est le résultat direct de l’échec de la politique étrangère américaine dans la région et de sa stupidité qui se reflètent dans les propos du secrétaire d’État américain Mike Pompeo. Il a qualifié l’agression « d’épouvantable », ajoutant que « les talibans et le gouvernement afghan devraient coopérer pour traduire les coupables en justice. … tant qu’il n’y aura pas de réduction importante et soutenue de la violence et de progrès insuffisants vers un règlement politique négocié, l’Afghanistan restera vulnérable au terrorisme ».
Après avoir légitimé les talibans et les avoir disculpés des crimes contre l’humanité qu’ils ont commis pendant des décennies, Pompeo les présentait comme des partenaires égaux, une suggestion totalement rejetée par le président afghan Ghani qui sait mieux que de se montrer pompeux.
La question que nous devons nous poser est la suivante : comment éradiquer le virus de la violence, des brimades et de l’intimidation parmi certains musulmans de ce monde, qu’il s’agisse des tueurs de Kaboul ou de ceux qui m’ont mis sur une liste d’assassinats ou encore de ceux qui ont juré de décapiter l’animateur de télévision indien, Sudhir Chaudhury?
Ici, au Canada, certains musulmans ont fait pression sur les conseils municipaux pour qu’ils autorisent les mosquées à utiliser des haut-parleurs pour « Allah O Akbar » dans les quartiers des non-musulmans.
Pour reprendre les mots de l’érudit islamique canadien Syed Muhammad Rizvi, « ‘l’oummah (communauté musulmane) a atteint un point où la vie humaine n’a plus aucune valeur. Nous n’y pensons pas à deux fois avant de tuer quelqu’un qui n’est pas d’accord avec nous ».
Même le Mahatma Gandhi était troublé par l’attitude des musulmans. Dans un article publié en 1924, Gandhi affirme : « Ma propre expérience confirme l’opinion selon laquelle le musulman, en règle générale, est un intimidateur ».
Alors que le reste du monde accorde un grand respect à Gandhi, il sera surpris d’apprendre que de nombreux musulmans l’ont dépeint comme un « islamophobe », en particulier les musulmans pakistanais. Avant que ce virus dormant de la haine n’éclate également au Canada, nous devons nous tenir tête aux intimidateurs au lieu de gémir face à l’intimidation.
Article dans sa version originale anglaise ici.
Traduction : Laurence B
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