Les Musulmans rohingyas méritent la justice et non l’hypocrisie.
Une autre tragédie humaine se déroule tandis qu’une population est soumise à des atrocités de la pire espèce, simplement en raison de ce qu’elle est : une minorité ethnique et religieuse.
Au moment où vous lisez ces lignes, des dizaines de milliers de Musulmans rohingyas, au Myanmar, est en marche dans des conditions épouvantables, pour échapper à une répression impitoyable menée par l’armée du pays.
Il semble que les généraux du Myanmar, qui contrôlent efficacement le gouvernement de la lauréate du prix Nobel Aung San Suu Kyi, ont décidé de nettoyer ethniquement la dernière moitié du demi-million de Musulmans qui vivent dans l’état du nord de Rakhine (anciennement Arakan), voisin du Bangladesh.
Le conflit entre la majorité bouddhiste du pays et sa minorité musulmane rohingya remonte à la période coloniale britannique. (Le Myanmar, autrefois la Birmanie, faisait partie de l’Inde britannique jusqu’en 1937).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Rohingyas se sont battus aux côtés de l’armée britannique qui battait en retraite, alors que leurs voisins bouddhistes se sont joints aux envahisseurs japonais, ce qui a entraîné des représailles horribles qui ont eu pour conséquence la fuite de 100 000 Rohingyas au Bengale britannique, et même plus loin.
La dernière flambée de violence a eu lieu le 25 août dernier, lorsque des centaines de combattants rohingyas ont lancé des attaques coordonnées contre des postes de police dans le nord de l’état, tuant 12 membres des forces de sécurité.
L’attaque a été menée par un groupe s’appelant l’Armée du Salut des Rohingyas de l’Arakan.
Certains observateurs croient que c’était là une manoeuvre secrète visant à donner aux militaires la justification pour mener à bien leur plan d’attaque.
Selon les Nations-Unies, plus de 120 000 Musulmans rohingyas ont fui le Myanmar pour le Bangladesh. L’ONU craint aussi que 400 000 autres personnes ne soient piégées dans la zone de conflit.
Malheureusement, une grande partie de l’indignation contre le nettoyage ethnique des Rohingyas provient de pays islamiques et de personnalités qui ont très peu de crédibilité en matière de maltraitance des minorités ethno-raciales.
Par exemple, c’était un peu fort de la part du leader cachemire indien, Mir Waiz Umar Farooq, de condamner le «nettoyage ethnique» des Rohingyas, tout en gardant sous silence le nettoyage ethnique de près de 500 000 Pandits hindous qui a été effectué par la majorité musulmane du Cachemire en 1990.
Le slogan de cette époque soulevé par les radicaux djihadistes était: Ralive, Tsaliv ya Galive ! (« Convertissez-vous à l’Islam, quittez le pays ou mourrez ! »).
Ensuite, Malala Yousafzai, du Pakistan, a critiqué sur Twitter sa consoeur du prix Nobel Aung San Suu Kyi, en lui demandant de poser le bon geste. Mais la lauréate du Nobel est restée silencieuse au sujet du nettoyage ethnique et de l’occupation du Baloutchistan par Islamabad.
Quant au Pakistan, pays qui a mené l’horrible génocide de 1971 au Bangladesh, il a également exprimé sa profonde préoccupation pour le Myanmar sur le «déplacement» des Rohingyas.
Mais pendant ce temps, le Jane’s Defense Weekly signale que le Pakistan et le Myanmar sont en « négociations avancées » pour autoriser la construction de l’avion JF-17 Thunder, développé conjointement par la Chine et le Pakistan.
Comme si cette hypocrisie islamique n’était pas suffisante, la Turquie, l’auteur du génocide arménien, a déclaré que les actions de Myanmar représentent un «génocide» contre les Rohingyas.
Nous, Musulmans, vivons non seulement sous la tyrannie de dictateurs, mais également sous la domination d’hypocrites et de menteurs. Les actions de nos dirigeants et des mollahs nous ont transformés en vecteurs de haine.
Ainsi, même lorsque nous sommes victimes de la haine, peu de gens veulent nous offrir de l’aide, comme le firent par exemple le défunt George Harrison et le sénateur Ted Kennedy, qui ont défendu le Bangladesh en 1971.
Nous, Musulmans, sommes plongés dans un bourbier profond, mais nous n’avons pas de leader pour nous en sortir.
Article dans sa version originale anglaise ICI.
Traduction : Laurence B
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